Une relation qui respire : entre engagement et liberté

S’engager pour la vie dans une relation de couple… sans désaccord ? Investir sans compter… dans une entreprise, à durée indéterminée ? Créer un lien qui, parfois, devient une évidence… mais peut-il rester figé ?

Peut-on encore parler d’un engagement authentique quand il glisse du choix au non-choix ? S’engager, est-ce s’enfermer ? Ou est-ce un mouvement vivant, une présence renouvelée chaque jour ?

Ce texte a pour intention d’interroger ce qui permet à l’authenticité relationnelle de respirer. Permettre et savoir être en désaccord, c’est offrir à la relation un espace pour respirer. Un engagement figé étouffe. Un dialogue qui ne respire plus se rompt.

En médiation, j’accompagne ces espaces où les êtres et les conflits cherchent encore à se dire. C’est parfois inconfortable. Mais c’est aussi là que l’authenticité commence.

L’authenticité relationnelle engage un rapport à soi et aux autres, une dynamique vivante qui implique autant la profondeur que la responsabilité.

Comme une rencontre avec soi-même, l’authenticité personnelle, c’est être aligné·e avec soi, dans une continuité entre ce que l’on ressent, pense et exprime. Elle repose sur :

• Une écoute intérieure : reconnaître ses émotions, ses besoins, ses limites.
• Une intégrité : rester fidèle à soi-même en ne niant pas ce qui est essentiel pour nous.
• Un engagement avec soi-même : oser voir ce qui nous habite sans le fuir.
   

Être authentique avec soi ne garantit pas encore une authenticité relationnelle. Celle-ci implique une prise en compte de l’autre et du contexte, un ajustement permanent dans le lien.

J’envisage l’authenticité relationnelle comme une dynamique vivante, en mouvement entre le rapport à soi, le rapport à l’autre et le contexte dans lequel la relation évolue. Elle ne se décrète pas, elle se construit et se renforce au fil du temps.

Elle ne se réduit ni à une transparence brute, ni à une adaptation permanente à l’autre. Elle implique un ajustement conscient, où chacun peut prendre sa place sans se perdre.

Elle peut répondre à des besoins fondamentaux comme :

• Besoin d’expression → Dire ce qui est vivant en soi sans crainte d’être jugé.
• Besoin de reconnaissance → Être vu et entendu dans sa singularité.
• Besoin de lien → Maintenir une relation nourrissante et respectueuse.
• Besoin de clarté → Comprendre ce qui est attendu de chacun et poser un cadre sécurisant.

Éviter les extrêmes :

• Une transparence brute → Peut mettre en péril le respect et la sécurité dans la relation.​​
• Une adaptation permanente ​​​​​ → Peut entraver l’authenticité et l’intégrité personnelle.

Loin d’être une règle rigide, l’authenticité relationnelle est une dynamique négociable, qui évolue avec le temps et les interactions.

Si l’authenticité relationnelle est un mouvement,  l’engagement, le contrat relationnel et la fidélité à un cadre co-construit  en sont les repères qui permettent de structurer la relation dans le temps.

L’engagement repose sur une intention posée dans la relation.  Il peut répondre à des besoins de sécurité, de cohérence et de contribution. Un engagement peut être solide sans être rigide, à condition de rester à l’écoute des évolutions de chacun.

Le contrat relationnel peut être vu comme un cadre ajustable. Il définit les accords explicites ou implicites qui organisent le lien.  Il peut nourrir des besoins de clarté, de confiance et de réciprocité. Lorsqu’il est ajusté au fil du temps, il devient un repère vivant qui prévient les malentendus.

La fidélité peut être définie comme un ensemble de limites co-construites. Elle ne se résume pas à une notion universelle et figée. Elle peut être définie mutuellement par les personnes concernées, en fonction de leur cadre relationnel. Elle répond aux besoins de stabilité, d’intégrité et de connexion. Elle peut être une constance rassurante, mais aussi une attente implicite qui mérite d’être clarifiée pour éviter les incompréhensions et les conflits.

La médiation préventive, qu’elle soit utilisée en début de relation ou comme hygiène relationnelle, peut éviter bien des tensions. La médiation curative reste précieuse, mais elle intervient souvent à un moment où la confiance est déjà fragilisée, rendant le chemin vers le lien plus exigeant.

Concrètement, la médiation peut ouvrir un espace pour :

• Clarifier les attentes mutuelles et ajuster les accords implicites.
• Établir un contrat relationnel évolutif, en cohérence avec les besoins de chacun.
• Mettre en lumière les différences de perception autour de la fidélité et des limites relationnelles.
   

Prendre le temps de poser ces repères en amont permet non seulement de prévenir les conflits, mais aussi de renforcer la relation en profondeur.

 Une relation durable n’est pas celle qui résiste coûte que coûte aux changements, mais celle qui sait s’ajuster sans se dénaturer. Lorsque l’authenticité relationnelle, l’engagement, le contrat relationnel et la fidélité sont considérés comme des repères ajustables, la relation devient plus fluide et plus consciente.

Clarifier les attentes, permettre les ajustements et reconnaître l’évolution de chacun renforce les liens, au lieu de les fragiliser.  Une relation qui respire est une relation qui peut durer.

Parce que rester authentique ne signifie pas rester identique, mais savoir évoluer tout en restant aligné avec soi-même. Parce qu’un lien vivant repose sur un engagement authentique, c’est-à-dire un engagement qui ne se réduit pas à une fidélité figée, mais qui s’ajuste au fil du temps, dans le respect de soi et de l’autre.

L’authenticité relationnelle n’est pas une exigence à tout dire, ni une invitation à se taire pour préserver l’harmonie. C’est un espace en mouvement, où l’on ose être pleinement soi tout en prenant soin du lien.

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