Du conflit à la paix : la non-violence

Conflit Guerre Paix

Le Conflit :

Nous n’existons qu’en étant en relation avec les autres. Notre être-aux autres fait partie de notre existence.

Le mot conflit vient du latin conflictus : participe passé de confligere, qui signifie « heurter ».

Quand j’entre en conflit, je rencontre l’autre comme un obstacle. Quand nous sommes en conflit, l’information ne circule plus de manière fluide. Il y a un souci dans la communication. Au moins l’un de nous est fermé.

« Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre. L'autre est indispensable à mon existence, aussi bien d'ailleurs qu'à la connaissance que j'ai de moi. »  – Sartre, L'existentialisme est un humanisme (1946)

Nous résistons à la situation, nous nous fermons, nous ne communiquons pas.

Notons que nous pouvons être en désaccord et ne pas être en conflit. Absence de conflit ne veut pas dire accord. Nous sommes ouverts, en situation de communication. Nous entendons pleinement l’autre et pourtant nous n'adhérons pas aux choix ou aux valeurs de l’autre. Nous parlerons de co-existence. Chacun est pleinement dans son être, son espace personnel, sans territoire commun.

Cause des conflits:

Alors pourquoi nous fermons nous à la situation, ne communiquons plus et entrons en confit?

Entrer en conflit, c’est éviter de négocier l'obstacle, l’autre, et les informations qu’il m’envoie. C’est:

  • soit foncer dedans (l’attaque),
  • soit l’éviter (fuite),
  • soit stopper son chemin et rester là : le refus d’obstacle (sidération/inhibition).

En fait, cela à voir avec toutes les informations que nous avons accumulées depuis de début de notre existence. L’une (au minimum) d’entre elles est restée comme non traitée, non organisée ! Notre système « disjoncte » en quelque sorte, pour nous protéger.

Tant que nous ne sommes pas prêts à traiter l’information, nous la stockons (blessures, informations liées à notre enfance, traumatismes). Nous avons à faire à notre  inconscient. 

Quand nous sommes prêts : notre système va chercher à l’intégrer (déstockage, intégration, ouverture de conscience). Il est ainsi bien difficile d'établir qui est à l’origine du conflit : nos systèmes (et nos intelligences cachées) communiquant ensemble en dehors de notre conscience, et cherchant l’ouverture de conscience et l’individuation.

En réalité, c’est avant tout avec nous-même que nous ne sommes plus en communication. La communication c’est l’attention sur l’être. Je ne me vois plus.

La Paix:

Le mot paix vient du latin "pax" qui veut dire "pacte".

Je me suis référée à Jean Marie Muller, philisophe Français spécialiste de Gandhi et de la non-violence pour écrire ce paragraphe et le suivant. ll était directeur des études à l'institut de recherche sur la résolution non-violente des conflits. Il était membre fondateur du  Mouvement pour une Alternative Non-violente. Il a écrit le dictionnaire de la non-violence.

Le mot paix, dans son sens premier, désignerait une action: agir pour la paix, faire la paix, plus qu’un état comme être en paix . Ainsi, à l’origine, le mot paix ne signifie pas le fait de ne pas être en guerre ou en conflit, mais le fait de mettre fin à ce conflit ou cette guerre par un accord. La paix serait une conquête permanente.

L’homme pacifique vient du latin (pax, et facere, faire) serait l’homme qui s’engage dans les conflits avec la volonté de les résoudre (faire la paix). L’homme de paix est celui qui prend des risques pour faire advenir la justice et défendre la liberté. Si la paix était seulement le règne de la loi et de l’ordre (possiblement imposée par la violence) alors le totalitarisme serait paisible, bien qu’injuste. L’homme de paix veut obtenir la paix par des moyens pacifiques.

La paix n’est pas, ne peut pas être et ne sera jamais l’absence de conflits ! Elle est  la maîtrise, la gestion, la régulation et la résolution positive des conflits par d’autres moyens que ceux de la violence destructive et meurtrière. Vouloir la paix implique donc se préparer à la mise en œuvre des principes et des méthodes de la stratégie de l’action non-violente.

Les mots pacifisme et pacifiste ont une connotation négative dans notre culture, car réputés vouloir la paix à tout prix (fût-ce au prix de la justice). Si la paix est considérée comme l’absence de guerre, ce n’est pas la paix qui est le plus important, mais la justice qui permet la dignité et la liberté. Nous pourrions évoquer le droit naturel. Ainsi vu, le pacifisme n’est pas « suffisant » car au-delà d’une vision moraliste qui condamne la guerre, la guerre nécessite une alternative en terme d’action.

Non violence 1158309 340

La non-violence

En terme de philosophie : la non-violence est une requête de sens.

En terme d’action : c’est l’efficacité qui est recherchée par la non-violence.

La non-violence est un terme que nous devons à Ghandi qui a traduit le terme sanskrit : ahimsa

  • a : le préfixe négatif
  • himsa : désignant le désir de nuire, de faire violence à un être vivant.

« L’ahimsa est la reconnaissance, l’apprivoisement la maîtrise et la transmutation du désir de la violence qui est en l’homme et qui le conduit à écarter, exclure, éliminer l’autre homme. »

C’est lorsque l’homme expérimente la violence, puis qu’il y réfléchit, qu’il découvre qu’elle est la violation de la vie, la violation de la dignité humaine. Dans un second temps, il découvre l’exigence de sa conscience à la non-violence. La non-violence serait un état originel mais c’est en faisant l’expérience de la violence que l’homme découvre son non-sens, sa non-légitimité, son inhumanité.

La non-violence n’est pas juste l’absence de violence. Elle est un rapport d’opposition contre la violence, une lutte réelle. Elle s’exprime en terme d’action qui vise tout processus qui légitimise ou justifie le recours à la violence. Et cette action nécessite une posture qui refuse de se soumettre à toute forme de violence. Cette manière d’être nécessite de se dés-armer personnellement. Cela demande donc de « transmuter » ses affects, ses émotions, ses ressentis, ses pensées afin de ne pas en faire une arme contre l’autre ou de se faire violence à soi-même. C’est le fait de se défaire de toute mal-veillance en choisissant la bien-veillance. C’est décider d’agir librement : la liberté d’une personne qui fait obstacle à la violence en utilisant force et courage.

La non-violence n’est pas la contre violence qui est elle-même une violence. C’est le respect de la dignité d’humanité de tout homme. La violence croit détruire le mal tout en l’étant.

La non-violence nécessite le réveil de l’individu qui se soumet passivement aux us et coutumes de la société sans l’énergie de réexaminer.

Bien-veillance, mal-veillance -- bienveillance, malveillance

Les origines des mots bienveillance et malveillance sont discutées.

Sans tiret, ces deux mots font références aux comportements des personnes qui respectent autrui ou qui nuisent à autrui. En latin "bene volens" (bonne volonté), "benevolentia" (disposition favorable à l’égard d’autrui) qui a donné d’ailleurs le mot bénévole.

En deux mots, le sens est différent. Car veiller vient du latin vigilare signifiant « attentif, éveiller ». Le bien veillant serait donc celui qui à de l’attention pour l’autre, qui est dans une forme de conscience.

Le mal veillant serait donc celui qui est anesthésié.

Bien – mal

Nous définissons souvent le mal comme ce qui est contraire à la morale.

En même temps, dans certaines expressions, il désigne le manque. Comme :

  • Le mal du pays: c’est le manque du pays.
  • Malpropre : c’est le manque de propreté.

De la même façon pour bien :

  • Les biens de quelqu’un sont : ce qu’il a.

Le bien pour signifier :  il y a

Et le mal : il n’y a pas.

Quand à l’évaluation (jugement) en terme de bien et mal :

Nous pourrions nous questionner : 

Be 1357827 960 720

C'est mal → Est-ce que nous  manquons parceque nous n’accueillons pas? Et donc nous nous fermons.

C'est bien → Est ce que nous avons  (il y a) parceque nous acceuillons? Et donc nous sommes en ouverture.

Le mal-être : ne pas être (manque d’être). Le mal-être ne signifie pas que nous avons cessé d’être, mais que nous nous sentons plus être. Et ne plus se sentir être fait souffrir. Le mal être serait donc un vide à remplir et pas quelque chose à combattre.

Le bien-être signifierait : être (« il y a de l’être »)  

Pour aller vers un bien- être, et donc progresser vers un mieux-être. Il est donc nécessaire d’augmenter notre capacité à nous ressentir (notre sensibilité à nous même). Notons que pour remplir un vide, nous ne pouvons rester en état de fermeture. Pour aller du mal-être vers un bien-être nous avons donc besoin de ressentir, d’accueillir (mouvement d’ouverture) puis de nous sentir de plus en plus, d’être de plus en plus nous même. Cela m’évoque une nouvelle fois le processus d’individuation.

Date de dernière mise à jour : 18/04/2024